Voyage initiatique au Pérou
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Ce que j'ai vécu
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Mise en garde
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Séjour chez Otilia à partir de octobre 2009
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Déroulement des cérémonies
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La diète
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la vie dans le campo (témoignage)
Ce que j'ai vécu
je suis parti au Pérou au mois d'octobre 2008 pour un séjour de quatre mois, afin de travailler avec des chamanes d'Amazonie. Avec l'intention d'être initié aux techniques de guérisons ancestrales amazoniennes.
J'arrivais à Iquitos, après avoir passé trois semaines dans la Sierra Blanca, située dans la cordillère des Andes, à randonner et à me recharger de l'énergie de la montagne.
Je décidais de rejoindre Iquitos en bateau depuis Puccalpa, soit cinq jours à naviguer sur le rio Ucayali, et sur l'Amazonie. Iquitos se situe en plein milieu de l'Amazonie péruvienne au bord du fleuve Amazone, c'est une ville qui s'est développée à la suite de l'essor du caoutchouc. On ne peut y accéder que par bateau, trois à quatre jours de navigation depuis Puccalpa ou Yurimaguas sont nécessaires ou par avion, depuis Lima, aucune route ne relie Iquitos au reste du Pérou.
La seule route existante et longue d'une centaine de kilomètres elle relie Iquitos à Nauta.
Au terme de deux mois de Recherche je rencontrais Otilia la chamane avec qui j'allais travailler.
Atteindre Le Campo de Otilia Otilia, vit à une cinquantaine de kilomètres d’'Iquitos, dans son « campo », descendre à l'arrêt de bus, au kilomètre 50, il faut marcher trois quarts d'heure, d'abord dans une zone cultivée, passer près d'un étang, où l'on peut apercevoir régulièrement, aigles de la selva, hérons et même parfois l’étrange toucan. Ensuite le chemin s'enfonce dans la selva (jungle), nous passons de la lumière à l'ombre des grands arbres, suivant la saison, certains sont en fleurs, d'autres laissent tomber d’étranges fruits. Ces grands arbres sont recouverts d'épiphytes, fleurs grimpant sur les arbres afin de chercher la lumière, certaines sont des orchidées très odorantes. De grands papillons bleu métallique, de couleur éclatante, volent autour des buissons fleuris. Dans notre marche nous sommes accompagnés, par les chants d'oiseaux, les cris de singes. Le chemin est parfois très humide, nous traversons quelques rios sur des ponts de bois, enfin nous empruntons la dernière passerelle, qui enjambe la quebrada, petit ruisseau qui irrigue la chakra d’ Otilia (clairière cultivée au milieu de la selva).
Le campo d'Otilia Là, sont construits des tamboo, (maisons de bois montées sur pilotis, le toit est recouvert de feuilles de palmiers, les murs sont le plus souvent faits de moustiquaires, ces tamboo sont donc largement aérés.)
Le premier en arrivant, est le tamboo de la cuisine, le suivant fait office de comedor, c'est-à-dire de salle à manger, puis l'on trouve trois petits tamboo deux places, utilisés pour l'hébergement des diéteurs, le plus éloigné est entouré par la selva, c'est le plus sauvage et c’est mon préféré.
Ces tamboo, sont équipés de deux lits avec moustiquaires, de toilettes, de deux hamacs et d’une petite table.
Nous trouvons ensuite deux grands tamboo communautaires, c’est sous l'un d'eux que se déroulent les cérémonies.
Otilia
Otilia est issue d’une famille de « curanderos ». Elle a d'abord soigné les patients, avec le tabac, considéré en Amérique du Sud comme une plante médicinale majeure, elle est donc « tabaccera », elle a travaillé avec les femmes en difficulté, elle a également la science des plantes, elle est « vegetalista ».
Otilia, © V. Thibault
C'est une femme au grand cœur, joviale, au rire communicatif et à la voix merveilleuse. Son objectif principal est que nous retrouvions la santé, pour ceux qui viennent ce soigner.
Et surtout pour la majorité des occidentaux, elle souhaite que nous retrouvions la joie, pas la joie apparente, la joie profonde, notre véritable chemin et mission sur terre, que nous nous débarrasisons de nos programmations handicapantes.
Otilia est également très disponible, certains jours elle fait des soins à Iquitos, la plupart du temps elle séjourne au campo, il est donc facile de dialoguer avec elle, et d'avoir des éclaircissements sur certaines visions ou tout autre points.
Mise en garde
© V. Thibault
Nino préparant rituelement la Madre.
Il y a bien sûr un tourisme ayahuasca qui se développe dans la région d’Iquitos avec toutes les dérives et incertitudes qui sont liées au tourisme. J'ai personnellement mis plus de deux mois avant de rencontrer Otilia, la chaman qui me convient. J'ai fait quelques expériences avec d'autres chamans où je ne me suis pas senti toujours en confiance. Les chamans les plus connus, sont parfois très occupés, ils ont d'autres occupations que guider les cérémonies et ne sont pas toujours très disponibles. En certains lieux vous pouvez également, surtout si vous venez individuellement, rencontrer certaines difficultés : intégration difficile à un groupe, difficulté à dialoguer, chamans inaccessibles, groupe très nombreux ou objectifs incompatibles.
Rio de la vallée du Macchu Pichu
Il est également important de savoir que tous les gens qui utilisent ayahuasca n'ont pas une éthique toujours irréprochable. Il est donc important de prendre des informations sur le lieu que vous choisissez. Si c'est votre premier voyage il peut être intéressant, de vous sentir soutenu.
Certains occidentaux, ont tendance à aller butiner d'un chaman à l’autre, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne démarche pour faire une réelle recherche.
Séjour chez Otilia à partir de octobre 2009
Les bottes de pluie, investissement indispençable pour cheminer dans la selva et dans la chacra, elles permettent d'éviter les petites bêtes qui grattent.
Je serais chez Otilia à partir de début octobre, je peux servir d'intermédiaire pour ceux qui ne parlent pas espagnol, et je vous faire profiter de mon expérience, faciliter l'ouverture par des soins extérieurs aux cérémonies, massages et autres soins chamaniques.
Vue de la chacra
Je peux également faciliter votre séjour dans la région d'Iquitos, j’y ai séjourné quatre mois et je connais quelques adresses et lieux intéressants.
Vous pouvez trouver quelques infos suplémentaires en cherchant sur le blog de Otilia Iquitos.
Déroulement des cérémonies
Le grand tamboo, ou ce déroule les cérémonies
La cérémonie se déroule sous le grand « tamboo » elle commence à la nuit, c'est-à-dire vers 19:30. Nous sommes donc en plein air, avec juste un toit au-dessus de la tête et nous sommes entourés par la selva ( jungle) accompagnés des bruits parfois impressionnants des insectes, des oiseaux nocturnes, chouettes, hiboux et autres cris d’origine inconnue, les lucioles sillonnent l’air comme 1000 étoiles brillantes. Parfois, nous avons même le spectacle de l'orage et de ses éclairs.
Nous sommes assis sur des bancs de bois recouverts de coussins, Otilia est assise derrière une table, avec parfois un assistant, près d'elle. Des bougies sont allumées.
Elle ouvre la cérémonie en soufflant la fumée du Mapacho, grosse cigarette de tabac brut. Le tabac est considéré au même titre que l’ ayahuasca comme une plante maîtresse, il est omniprésent dans les cérémonies amazoniennes, il sert de protection et également à communiquer avec les esprits. Otilia a le plus souvent le mapacho dans la main gauche et la Chakapa, bouquet de feuilles sèches, que l’on peut entendre rythmer les icaros, dans la main droite. Elle fait le tour de l'assistance, en soufflant à chacun la fumée au niveau des épaules, du sternum, et du crâne.
Elle fait ensuite des recommandations pratiques, interroge chacun sur son expérience et explique le déroulement de la soirée.
Elle souffle 3 fois la fumée du mapacho dans la bouteille de préparation, en disant les orations rituelles et ensuite elle appelle chacun pour venir prendre la « madre » dans une coupe de bois. C'est elle qui fixe la dose à prendre, un jour que je trouvais la dose insuffisante elle me répondit fermement avec le sourire, c’est le chamane qui sait, la dose juste à prendre, ce n'est pas le patient.
Tenture Shipibo
Puis quand chacun a reçu la madre, elle éteint les bougies et la cérémonie se déroule dans le noir.
La seule lumière qui nous éclaire parfois, est la lumière de la lune.
Suit un moment de silence, de recueillement, puis Otilia commence à chanter les premiers icaros, d'ouverture à la plante et elle chantera pendant, 4,5 ou 6 heures avec amour, générosité et beaucoup d'énergie. Les icaros vont se succéder, tous ont une intention précise, le plus souvent elle chante en espagnol. Après quelques icaros, elle dit « vous pouvez chanter, la cérémonie est ouverte » et elle nous incitera toujours à nous exprimer par le chant.
Pour elle, une personne qui ne chante pas est une personne malade. Elle chante un icaro qui dit « chante ta chanson, si tu ne chantes pas ta chanson ta vie sera triste, on ne peut pas être heureux si l'on ne chante pas sa chanson, et personne ne chantera ta chanson à ta place »
Je ressens les icaros et la cérémonie comme une succession de vagues, certains icaros vont venir fouiller au fond des tripes, comme un scanner pour débusquer les zones sombres, puis d'autres feront remonter à la lumière, à la joie. Certains icaros favorisent la « Mariation », (effet d'ivresse) d'autres l'élimination, les vomissements, la libération, d'autres nous emmènent dans la lumière et la résolution. Elle guide ainsi la cérémonie avec ses chants et sa Chakapa, suivant la tradition ancestrale des Indiens d'Amazonie. Et sa merveilleuse voix nous s'accompagnera toute la nuit. Les Icaros sont comme un fil conducteur, comme un chemin à suivre, comme une ligne de vie que nous pouvons rejoindre lorsque nous nous égarons. Ils ont une grande influence sur les visions que nous pouvons avoir, sur l'ambiance de la cérémonie, et la magie peut se produire. Le chamane conduit la cérémonie au son de sa voix, il est important qu'il ait une parfaite maîtrise de cette science des icaros.
Ils permettent aussi de calmer le corps, de calmer la surexcitation mentale provoquée par la plante. Otilia dit l’ayahuasca chauffe la tête, et elle conseille de ce baigner le lendemain afin de refroidir la « cabeza »et de faire descendre l’énergie. Les icaros sont un monde magique, pour moi encore mystérieux.
De temps à autres, elle dit « como esta ? » comment ça se passe ? et elle demande si certains veulent reprendre.
Vers le milieu de la cérémonie, Otilia viendra voir chaque participant, et lui chantera un ou plusieurs icaros. Elle vient parfois soutenir un participant qui traverse un passage difficile.
Les derniers icaros nous apporteront toujours une grande joie, comme une célébration à la vie, à la nature. Elle clôture la cérémonie, lorsque tous les participants sont OK, la cession se termine plus ou moins tard. Elle ne clôture pas à minuit, comme cela se passe parfois chez d'autres chamanes.
La diète
Le travail avec la plante, lors d’un séjour chez Otilia, se fait en même temps que la diète. La diète est très pratiquée au Pérou, c'est un régime où l'on évite, le sucre, le sel, les matières grasses, le porc, les viandes rouges, l'alcool, le café, le thé, les épices …et les relations sexuelles. On évite tous les produits chimiques, dans la nourriture pas de produits préparés industriellement, et il est recommandé d'éviter les cosmétiques, les savons et shampooings chimiques.
L’alimentation consiste essentiellement, à se nourrir, de riz blanc, de quelques légumes, de fruits, de bananes, papayes, et de temps en temps de poulet et poisson. Les poules se baladent toute la journée en liberté dans la chakra, et limitent la population d’insectes. En plus de la plante que nous absorbons pendant les cérémonies, Otilia nous prépare individuellement d'autres plantes qui vont aider au nettoyage à la guérison, telle que ajo satcha...
On dit alors diéter la plante, donc cela consiste à prendre une plante sous forme de tisane, décoction, macération ou d'autres préparations froides...
© V. Thibault
Joel et Dominique pendant la diete
Chez Otilia la diète n'est pas très sévère, trois repas sont servis par jour dans le comedor ou bien dans le tamboo car elle demande lors de la prise de certaines plantes ne pas sortir. Elle dit « La madre demande de l’énergie » : il faut manger.
Les régimes de diète, sont très variées et chaque chamane à son idée sur la façon de le suivre, par contre nous retrouvons toujours l'interdiction des 3 S, ni sucre, ni sel, ni sexe.
Les plantes sont le plus souvent ramassées dans le jardin, véritable conservatoire de plantes médicinales.
C'est après la première cérémonie qu’Otilia conseille les plantes à diéter, la première cérémonie est un peu comme un diagnostic, un état des lieux. Elle voit les plantes qui pourront favoriser la guérison, l’ouverture, la quête spirituelle …
Cette photo de lamas non aucun rapport avec le sujet de l'article.
la vie dans le campo (témoignage)
Un tamboo en construction
Comment se déroule un séjour d’une ou plusieurs semaines …
Otilia nous accueille avec une infusion, des fruits de la selva, son large sourire et son regard profond perçant et doux à la fois, un moment de prise de contact ou l’on va pouvoir exprimer nos désirs, notre motivation, notre recherche.
De son coté elle va présenter le déroulement de la vie sur le campo :
Trois repas par jours servis dans le tamboo comedor, annoncés au son de la clochette, sans sel, sucre, graisses, ni épices (la règle habituelle des diètes …) composés de légumes, de pattes, de riz, c’est incontournable ! et de fruits, papaye et banane essentiellement. Le tout dans une ambiance plutôt végétarienne bio, sauf le samedi midi : poulet attrapé à la course par les ouvriers dans la matinée, vous repèrerez vite le remue ménage annonciateur. Par contre, l’heure du repas peut être retardée en fonction de la rapidité de course des dits poulets, élevées en liberté et dont l’observation des ébats pourra occuper vos moments de flânerie…
Ensuite Otilia vous fera visiter le campo et vous montrera les différents tamboo : celui où l’on mange, celui où se déroulent les cérémonies et celui ou vous logerez, ainsi que l’endroit de la quebrada, le ruisseau, où l’on peut se laver.
Rendez –vous al comedor au prochain repas. Mais soyez tranquille, même en diète vous ne souffrirez pas de la faim, au pire d’envie de chocolat…
Elle vous expliquera aussi que les cérémonies ont lieu deux fois par semaine : mardi et vendredi. Tout le monde se retrouve au tamboo consacré à 19 heures, là bas il fait déjà nuit depuis environ une demie heure, quelle que soit la saison. Ne pas oublier sa lampe de poche, son anti-moustique indispensable, de quoi se couvrir, de l’eau, des mouchoirs en papier et briquet et cigarettes pour les fumeurs…
Cette liane gorgée d'eau peret de ce réhydrater en pleine selva
Alors vous me direz, en dehors des repas et des cérémonies à quoi passe t’on son temps dans une chakra au milieu de la selva ?
Et bien au début vous allez passer un certain temps à dormir plus qu’à votre habitude… Comme si vous lâchiez prise à la vie plus ou moins trépidante ou stressante dont vous avez tellement pris l’habitude depuis longtemps ! Avec toute la fatigue que votre corps a accumulée sans parfois s’en rendre vraiment compte jusque là.
Et puis un matin vous allez vous réveiller au lever du jour, comme les oiseaux, et vous aller prendre le temps de les écouter, de les regarder … vraiment …de les admirer, d’admirer leurs vols, leurs couleurs, leurs jeux… et la formes des arbres, de leurs feuilles, le chant des feuilles … toutes ces choses que l’on oublie de voir, de prendre le temps de voir : c’est très bête à dire comme ça, mais à vous de le vivre !
Donc pour ce qui est de mon expérience, une phase de contemplation, même si le terme parait pompeux, et de remerciement à la vie ! N’ayons pas peur des mots !
Puis je me suis remise à lire, à dessiner, à écrire ce que je vivais, les images, les sensations durant les cérémonies, ce que j’en avais compris, les feed-back avec Otilia le lendemain en groupe al desayuno ou en privé. Plusieurs mois après j’y retrouve des détails précis parce que notés en direct et importants pour l’évolution de cette expérience.
Des journées riches d’observations, de réflexions, d’échanges, regards nouveaux et percutants sur sa vie, sur la vie !
Et les jours, les semaines passent … pareils et différents à la fois, mais de plus en plus intenses …
© V. Thibault
Et un jour c’est le départ, le votre !
Vous avez déjà vu des gens partir, d’autre arriver, à qui vous avez un peu expliqué ce que je viens de vous raconter, des affinités se sont crées, voire des amitiés car vous avez partagé des moments très forts et nouveaux …
Et cela va se faire dans la même simplicité qu’à votre arrivée, avec un dernier moment partagé avec Otilia, dans la profondeur, mais allégé de la spontanéité de son rire …
Le cœur peut être gros d’émotions, mais surtout d’une nouvelle force, vous reprendrez le chemin à travers la selva, jusqu’à l’arrêt de bus du kilomètre 50
Jusqu’à ce que vous reveniez !!!
Signé Dominique